25 octobre 2006

J’ai dessiné









J’ai dessiné
Il ne manque plus que 18 pages avant la fin de S.
En somme, j’en suis vers la fin.
Grande fatigue.

Ma traductrice française, Hélène Remaud, a lu les 76 premières pages et m’a écrit une très belle lettre, qui m’a donné beaucoup de force.
Tout en avançant, dans cette histoire, j’ai fait sauter un bon paquet des convictions et des règles que je m’étais données concernant la narration. Mais j’en reparlerai encore, une fois l’histoire finie, le livre imprimé.

Hier, j’ai fait lire l’histoire à ma sœur.
Je devais voir ce que ça faisait aux autres membres de ma famille.
Je devais voir à quel point ce livre était douloureux et si j’avais trop menti, si je m’étais fait le héros au-delà de ce qui est permis.

J’ai raté des travaux. Des livraisons.
J’ai tout mon courrier qui traîne. Je m’efforce d’expliquer à ceux qui me téléphonent à quel point je suis fatigué, mais il semblerait que ce soit difficile à comprendre : “Ça fait 5 ans que je ne pars pas en vacances”, je dis.
Et les autres, au téléphone, me répondent : “Oui, d’accord. On a compris”. Mais en réalité ils viennent juste de rentrer de vacances et en fait ils n’ont pas compris.

Ces derniers jours, j’ai écrit des textes pour la nouvelle version italienne de Notes pour une histoire de guerre qui sortira sous peu en librairie.
J’avais écrit trois récits à ajouter au cours du livre. Je les avais envoyés à la maison d’édition et ils avaient plu.
Aujourd’hui je les ai jetés : je me suis aperçu que j’avais “écrit des récits”. Et cela m’a ôté ma tranquillité.
Aujourd’hui j’ai terminé un nouveau texte, qui les remplacera et dont je n’aurais pas à avoir honte dans l’avenir. Grâce à ce texte, j’ai reçu mon deuxième beau message aujourd’hui.
De l’éditeur qui s’occupe de la réédition, et qui a voulu me dire à quel point il était content du nouveau texte. Moi aussi je l’étais.

Ensuite, toujours Notes… Le livre est en compétition pour le prix du meilleur livre étranger au festival de la BD hollandais. Le Local est même allé en Corée, le New Yorker m’a consacré un article et plein d’autres bonnes choses sur mon travail.

Quand hier sont venues me voir ma sœur, sa fille et une de mes amies, à leur question “raconte-nous quelque chose, qu’est-ce que tu as fait cet été ?” je n’avais aucune réponse.
J’ai dessiné, je leur ai dit. Et puis je suis resté un peu silencieux et presque triste.
J’ai dessiné. Et j’ai tourné deux courts-métrages plus couillons que d’habitude.